Un compromis a été trouvé : Gallimard pourra publier les trois pamphlets antisémites de Louis-Ferdinand Céline à condition de les modifier selon les critères de l’écriture inclusive. Une victoire pour les partisans de l’égalitarisme lexicographique.
Face à la polémique, Gallimard avait préféré reculer. L’éditeur envisageait de publier durant l’année 2018 les trois pamphlets antisémites de Louis-Ferdinand Céline, rédigés entre 1937 et 1941. De quoi susciter la colère de nombreuses associations ainsi que de plusieurs historiens.
Mais un terrain d’entente a finalement été trouvé : l’éditeur a accepté de publier les trois ouvrages haineux en mode écriture inclusive. « C’est un compromis qui permettra de faire progresser la cause d’un langage adapté aux besoins de tou.te.s », déclare, satisfait, le président de la Ligue des Droits de Tout le Monde, Albert Seuse.
Ainsi, les lecteurs de Bagatelles pour un massacre pourront apprécier une prose raciste revue à la sauce moderne, avec des phrases telles que : « Je vais, à mon tour, vous dire un peu l’avenir : Un jour, les Juif.ve.s lanceront les nègre.esse.s, leurs frères.soeurs, leurs troupes de choc sur les derniers “cadres” blanc.he.s. ».
« Nous avons conscience que cela dénature un peu le texte original, mais l’écriture inclusive est une condition intéressante si elle permet de passer par-dessus les polémiques », note l’historien Stéphane Kleub. De fait, une publication richement documentée et rigoureusement inclusive de Mein Kampf serait également en préparation.
Interrogée sur la question, la secrétaire d’État à l’Égalité femmes-hommes salue l’initiative. « L’écriture inclusive doit rentrer dans les mœurs de chacun. Mon souhait, c’est de voir demain sur les murs de nos synagogues des tags “Mort aux Juif.ve.s” ! », explique-t-elle. Tout en regrettant que Gallimard n’ait pas accepté de renommer pour l’occasion l’auteur en Louise-Ferdinande Céline.