Après l’annonce pas vraiment surprise du ralliement de Nicolas Dupont-Aignant à Marine Le Pen, Emmanuel Macron surprend la sphère médiatique et militante en déclarant qu’il nommera Jean-Luc Mélenchon à Matignon s’il est élu au soir du 7 mai. Le candidat de la France Insoumise confirme.
Jean-Luc Mélenchon Premier ministre d’Emmanuel Macron ? Un scénario a-priori aussi crédible qu’une Marine Le Pen profitant d’un incident quelconque une fois élue pour s’arroger les pleins pouvoir et mettre à bas la République. Et pourtant, l’accord a bel et bien eu lieu, dans une brasserie parisienne réputée pour ses têtes de veau et ses pieds de cochon.
Les groseilles à Macron
« Jean-Luc et moi avons beaucoup de points communs, affirme sans détour le candidat du mouvement En marche. D’abord, lui et moi n’avons jamais remporté un mandat électoral de quelque valeur que ce soit. Je n’ai moi-même jamais participé à aucune élection, et Jean-Luc n’a jamais été qu’élu de troisième zone, via le suffrage indirect, ou député européen, ce qui est à la portée de la première Dati venue. »
Emmanuel Macron allonge encore la liste : « j’ai pantouflé pendant des années chez les banquiers, tandis que Jean-Luc a tranquillement usé les bancs du Sénat durant deux décennies. Et puis il n’a qu’un an de plus que ma femme. Ça rapproche ! »
Le candidat à l’Élysée considère enfin être en accord total avec la ligne de Jean-Luc Mélenchon. « Je suis positivement d’accord avec tout ce qu’il dit, même quand il retourne sa veste ou se contredit en l’espace de trois minutes ».
Emmanuel Macron en profitera pour nous indiquer qu’il est également totalement d’accord avec nous. Et quand nous lui demanderons l’autorisation d’utiliser ses toilettes avant de le quitter, il nous répondra : « Vous avez tout à fait raison. »
Le Buzzchévique se débiffe
« Cerveau malade ! Petite bite ! Connard de sacripiant ! » C’est peu dire que Jean-Luc Mélenchon n’apprécie pas la défaite, à en juger par les insultes qu’il nous décoche tout en nous serrant la main à l’occasion de notre entretien. Alors, un accord avec Emmanuel Macron, est-ce un reniement ? « J’ai été membre du PS pendant 30 ans. L’insoumission tranquille, c’est dans mon ADN ! »
Le candidat du Parti de Gauche n’oublie pas de fustiger tous ceux qui, selon lui, ont contribué à sa défaite. Autrement dit « Benoît Hamon, Emmanuel Macron, François Hollande, les médias, les sondeurs, les abstentionnistes, les astrologues, la météo, le Pape et les petits hommes verts. »
« Si tous les médias n’avaient publié que des articles élogieux sur moi, si tous les sondages m’avaient donné gagnant dès le premier tour, et si tous les autres candidats s’étaient retirés en ma faveur, je serais probablement Président à l’heure actuelle. C’est bien la preuve que tout le monde s’est ligué dans le but de me faire perdre ! » ajoute-t-il.
Mais Jean-Luc Mélenchon ne craint-il pas de froisser son électorat, après un tel accord qui risque bien de sonner pour certains comme un virage à 180 degrés ? Cette question, il la balaye du revers de le main en s’exclamant, avant de lâcher les chiens sur nous : « Insoumis, dix de retrouvés ! »