Il y a quatre ans, chacun donnait Hillary Clinton grande gagnante face à un Trump trop bête, trop binaire, trop sexiste, trop raciste. Aujourd’hui, la citrouille mal peignée règne sur ses fidèles anti-masque, coronasceptiques et partisans de la main tendue bien haut. Autant de croyants qui prêtent à leur prophète des intentions qu’il n’a jamais eu, et des succès parfaitement illusoires.
Non seulement les lycéennes doivent porter le masque, mais elles doivent arborer une « tenue républicaine », proclame sans ambages le ministre de l’Éducation nationale. Ce qui est pratique avec la République, c’est qu’elle permet de tout faire passer. Cacher les nombrils, les épaules et les seins, c’est de l’ordre moral ? Non madame : c’est la République. Celle d’avant mai 68, certes, mais la République.
La valeur n’attend pas le nombre des années, mais plus Valeurs actuelles vieillit, plus il s’enfonce. Ancien magazine économique reconverti en vitrine du fascisme BCBG, le Minute en cravate fait encore parler de lui en peignant Danièle Obono en esclave. De quoi permettre à la députée de se livrer à un beau numéro d’indignation, et à Méluche de s’en prendre à Charlie-Hebdo. Parce que pourquoi pas.
Les pandores ont-ils été influencés par les rediffusions estivales des Gendarme de Saint-Tropez ? Reste que deux d’entre-eux ont parcouru la plage de Sainte-Marie-la-Mer, tout un programme, pour faire la leçon aux bronzeuses topless. Motif ? Un garçon se serait plaint auprès de ses parents que la vue des seins le mettait mal à l’aise. Son maillot de bain est probablement devenu trop serré.
Oubliez Truffaut, Godard et Chabrol : les grands noms de la nouvelle vague sont aujourd’hui Covid, Corona et (parfois) Raoult. La France recommence à tousser de plus en plus, et les médecins préviennent : la deuxième vague est en route. Sauf qu’au lieu de sortir les planches, les Français sont invités à mettre des masques. Et de toute évidence, ils n’en ont pas envie du tout.
ALLEMAGNE – Alors que de plus en plus de statues ou monuments sont pris pour cible par des militants anti-racisme, la créature de Frankenstein a produit la surprise en annonçant se déboulonner elle-même. Constitué à 100 % de morceaux de cadavres d’hommes blancs issus d’un cimetière protestant, le monstre considère ne pas représenter la diversité et l’ouverture aux autres nécessaires à la société.
Et c’est reparti : de nouveau dans la rue pour réclamer des choses, les infirmières ont droit au gaz lacrymo, au flash-ball et aux arrestations. Celle que l’on a vu se faire traîner par les cheveux en réclamant sa ventoline avait, juste avant, jeté des pierres sur des forces de l’ordre. Et fait des doigts d’honneur. De quoi atteindre l’intégrité physique et morale de brutes casquées et équipées de boucliers, sans aucun doute.
Au sortir d’une réunion de son Konklave, le Grand Sorcier des Chevaliers du Ku Klux Klan Donald J. Lester a fait savoir que l’organisation racialiste américaine renonçait au drapeau confédéré, ainsi qu’aux symboles « contraires à la dignité des Hommes et des Noirs ». Le « Klan » s’inscrit dans la lignée du Nascar ou de la NFL, qui ont récemment fait leur mea culpa vis-à-vis des actes ou symboles racistes.
« N’ayez pas peur madame, on n’est pas de la police », disait Coluche en son temps. En France comme aux États-Unis, la police semble s’être construite en opposition de la population qu’elle est censée servir. Essayer de discuter revient souvent à vouloir apprendre l’alphabet à un pigeon : non seulement vous n’y arriverez pas, mais vous risquez en plus de vous faire crever un œil.
Pendant que des Blancs éructent sur Twitter contre une black-face de Jimmy Fallon vieille de 20 ans, des Noirs manifestent dans les rues pour dénoncer les violences policières. Tel est le lot d’une Amérique répartie entre des anti-racistes autoproclamés qui collectionnent les excuses de célébrités comme d’autres les selfies, et des gens qui voudraient juste qu’on arrête de leur écraser la carotide pour un PV de stationnement.
